Le concept de Père est une création patriarcale
Les masculinistes ayant beaucoup de difficultés à saisir le concept de paternité et notamment en quoi les concepts de géniteur et de père désignent deux choses bien différentes, deux réalités qui ne se recouvrent pas, je prends donc le temps de faire un petit point terminologique afin de préciser mon propos.
Si je fais le distinguo entre les deux notions que sont celles de géniteur et de père, c’est pour expliquer que le concept de père tel que nous le connaissons et que je vais définir plus bas, est une création humaine et le cœur du système patriarcal, comme son nom l’indique…
Ce qui distingue les deux concepts de Géniteur et de Père, ce sont les effets juridiques différents qui y sont attachés.
Le concept de Géniteur, fait référence au lien biologique entre un homme et l’enfant d’une femme.
Dire que tel homme est le géniteur de tel enfant, n’implique rien d’autre que le constat factuel que tel enfant est issu du sperme de tel homme et n’emporte aucune conséquence particulière.
Le concept de Père, par contre, fait référence au lien juridique entre un homme et l’enfant d’une femme.
Le Père est un géniteur au bénéfice duquel est établi un lien juridique de filiation paternelle : c’est attacher des effets juridiques au fait d’être le géniteur d’un enfant.
Cette notion juridique de paternité, cad le fait d’accorder au géniteur putatif de l’enfant d’une femme, des droits sur celui-ci, est une création patriarcale et la raison pour laquelle les femmes sont opprimées par les hommes.
Le fait que les hommes veuillent s’assurer de leur filiation paternelle, c.a.d que l’enfant que porte une femme X est bien celui issu de leur sperme, afin de se l’approprier et avoir des droits sur lui, est la raison du contrôle et de l’assujettissement des femmes.
Car pour des raisons évidentes, aucune liberté des femmes, not. sexuelle, ne peut coexister avec le souhait des hommes de s’assurer que les enfants qui sortent du ventre des femmes sont issus de leur sperme, puis de leur volonté se les approprier.
Et en effet… Comment un homme X aurait-il pu savoir s’il était le géniteur de l’enfant d’une femme Y ?
Qu’ont dû créer et mettre en place les hommes pour s’assurer que l’enfant que porte une femme Y est bien issu du sperme d’un homme X de manière à ce que cet homme X puisse décréter qu’il était “le sien” et se l’approprier ?
La notion de père et le système patriarcal qui est est le corolaire.
Ainsi, la notion même de père et de filiation paternelle suppose le contrôle de la sexualité des femmes, afin de s’assurer de l’identité du géniteur.
L’oppression et l’assujettissement des femmes sont donc consubstantielles à l’existence du concept juridique de paternité.
Ainsi, l’homme ie le père, devient le propriétaire de la femme et de ses fruits (enfants)…
L’aboutissement ultime de cette logique a été exprimée par les rédacteurs du Code civil, dans leur préambule, où ils avaient écrit ceci :
« La femme est donnée à l’homme pour qu’elle fasse des enfants… Elle est donc sa propriété comme l’arbre à fruits est celle du jardinier. »
BÉNI SOIT LE FRUIT.
Voir:
La plaidoirie de Gisèle Halimi
Le code civil de 1804 et la femme
Comme précédemment indiqué, cette notion de paternité n’existe pas dans toutes les cultures.
Dans d’autres cultures, elle s’est complexifiée avec la création de la filiation adoptive : l’établissement d’un lien de filiation paternel à l’égard d’un homme n’étant pas le géniteur.
Notion juridique, la paternité nécessite d’être juridiquement établie, raison pour laquelle de nombreux enfants en France, par exemple, n’ont pas de Père: ils ont une mère et un géniteur, qui n’a pas la qualité juridique de père donc aucun des droits y étant attachés.
Ainsi, cette illusion qu’ont les hommes et la plupart des gens que la notion de père telle qu’elle existe dans notre société, va de soi, est naturelle, est fausse.
Le fait de considérer qu’un homme a des droits sur l’enfant d’une femme sous prétexte qu’il en est le géniteur est une création juridique humaine qui n’a strictement rien de naturel et ne va absolument pas de soi.
Il est donc fondamentalement absurde de dire que le fait que les tests de paternité ne soient pas systématisés est le signe que nous vivons dans une société gynocentrée, alors même que le concept de paternité n’existerait tout simplement pas dans une société gynocentrée et égalitaire et que les tests de paternité y seraient, de facto, sans objet.